vendredi 22 avril 2022

Une charmante (et instructive...) lettre de Grand-mère à Grand-père, l'année de leurs noces d'or (1956)


Grand-père et Grand-mère reçus par le maire de Versailles 

 Jeudi de Pâques (1956)

Mon cher Chéri
Voici ta lettre que j'ai pu très bien lire. Tu devrais écrire toujours comme cela : Lt Henry Gagneur et Cie te liraient avec encore plus de plaisir. Ce matin, après une très bonne nuit je ne vais pas mal, mais le matin est toujours mon bon moment. Catherine, extrêmement gentille, est venue dîner hier soir, apportant des petites tartes faites par elle ; ce matin elle a été chercher le lait et le «linge mécanique» que je repasserais cet après-midi. Le Diable c'est toujours cette lumière du soir. Je ne pouvais pas plonger Catherine dans les ténèbres, j'ai mis la lampe avec le foulard, mais au bout d'une demi-heure, j'avais si mal que j'ai du me mettre un très bienfaisant cataplasme de fécule. L'après-midi avait été supportable, Jean-Michel est venu très gentiment ; nous goûtions ensemble (lui, très courtois, faisant chauffer l'eau) quand Marie-Madeleine est arrivée avec Domitille, qui, devenue fille unique, ses frères étant en vacances à Montargis et Lausanne ; du coup ses parents lui trouvent une foule de qualités, que nous lui avons toujours connues, nous ! [Chère Domitille, nous aussi les cousins, on le confirme ! NDLR] La mère et la fille ont été très gentilles. Jean-Michel a filé chez les Chamussy chercher les épreuves de photo d'art pour que Marie-Madeleine choisisse et les a présentées ensemble. Marie-Madeleine est un peu vexée de n'avoir pas été prévenue de la cérémonie à la mairie... Elle m'a dit en revanche que Régis avait été très flatté de recevoir mon missel le 25 février et en avait informé «Stan» le plus possible, y compris la classe de Luc où il s'est introduit pour chercher les devoirs pour son aîné ; la Demoiselle a parlé ensuite de ce fameux missel à Marie-Madeleine. Mais celle-ci ne connaissait pas l'image du Carmel et cela l'a beaucoup touchée. Domitille était ravie de lire tous leurs noms en litanies. Marie-Madeleine est agacée que ses belles sœurs ne nous aient donné aucun signe de vie pour le cinquantenaire. Ceci parce que le carton de 108 lettres l'a beaucoup intéressée. Voilà une longue lettre. Je ne te dis pas assez que je t'aime. Il vaut mieux ne pas être assommante comme les vielles femmes que l'on visite. Léon vient me chercher ce soir pour dîner et me ramènera avec ton amie Marie qui couchera. Je serais contente de dîner chez les Chamussy mais ! La lumière ! Léon a dû mener les petits au cirque hier : j'aurais des récits ! Il est bien bon d'y emmener Benoît qui a dit hier : «  comment donc Maman avez vous pu épouser un homme aussi lent que Papa ? ». 1° ce n'est pas vrai 2° ça méritait une gifle ; ne raconte pas çà autour de toi. [On en apprend de belles, mon petit Benoît ! Et peut-être a t’il inspiré “L’éloge de la lenteur” où Carl Honoré s’interroge : Et si un bon usage de la lenteur pouvait rendre votre vie plus riche et plus productive ? NDLR]
Te soignes-tu ? L’hôtel de Bordeaux est-il encore chauffé ? As-tu demandé une boule d'eau chaude? Chantal, terrifiée que tu sois sans surveillance à communiqué ses craintes à Marie-Madeleine ! Alors, je sers à quelque chose ! A t'embrasser d'abord et fort !


Ta Bobeth
A la sortie de la messe à Saint-Louis

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