vendredi 22 décembre 2017

Farceur ou bohème, deux jeunes ados de la famille Lesort (1934-1936)


La famille Lesort en 1934 à la Pichardière

Au décès de notre oncle Gonzague, j'ai été contacté par une charmante dame dont la sœur, religieuse, avait bien connu dans sa jeunesse les Lesort à Versailles et cherchait comment faire parvenir une lettre de condoléances à Olivier Lesort.
Par la suite, Sœur Odile Ragot nous a confié avec beaucoup de gentillesse, en juillet 2017, plus de quatre-vingt ans après, ses souvenirs d'adolescente sur notre famille.
Nous l'en remercions et nous avons ainsi une image plutôt amusante de Gonzague et Thérèse Lesort encore jeunes adolescents.
Merci aussi à Anne Kervella, fille de Thérèse Lesort, qui a fourni quelques indications rectificatives ou complémentaires au texte.
J'ai pu savoir que Sœur Odile avait  eu l'occasion de consulter à loisir notre blog cet été, chez sa sœur, et qu'elles semblaient toutes deux avoir bien apprécié!
Les photos de la famille Ragot ont été fournies sous forme de photocopies par Sœur Odile.

François Lesort

Voici ses souvenirs :


Les enfants de la famille Ragot à Versailles en 1935
1er rang de G à D : Anne-Marie, Bernard, Claude
2ème rang de G à D : Yves, Etienne, Odile, Alfred


"Nous avons connu la famille Lesort alors que nous habitions Saint Cyr l'Ecole où mon père, militaire de carrière était instructeur tout en préparant le concours d'entrée à l'Ecole de Guerre.
Alfred Ragot, scout en 1937
C'est par le scoutisme qu'Alfred mon frère aîné (décédé en 1938) s'est lié d'amitié avec Gonzague.
Celui-ci est venu nous voir à Saint-Cyr. Dans le salon s'étalait la fourrure d'une magnifique panthère (tuée en Indochine par un grand-oncle). La tête était effrayante, on voyait ses crocs, et de la gueule grande ouverte sortait une grande langue rouge.
Nous habitions un immeuble réservé aux familles de militaires. Au milieu il y avait une grande cour, terrain de jeux pour les enfants.
Gonzague endossa la panthère et se précipita dans la cour en faisant des bonds parmi les enfants qui hurlaient de peur! Mes parents ont dû descendre de leur quatrième étage pour rassurer les familles en émoi.

En 1934, mon père entrait à l'Ecole de Guerre à Paris et nous partions habiter Versailles où trois de mes frères étaient scolarisés. C'est là que je fis la connaissance de Thérèse, elle fut ma meilleure amie avec Cécile Mehrmann dont le père était notaire rue de l'Orangerie où nous habitions.

1935.Thérèse Lesort (avec Henri)
Toutes les deux sont venues me voir au noviciat du 140 rue du Bac à Paris et comme l'usage de ce temps stipulait qu'on n'entretienne plus de relations avec ses amies, je n'ai plus reçu de nouvelles de Thérèse, cela m'a beaucoup peinée.
Cependant par l'intermédiaire d'Anne Bergeron, une versaillaise, aussi Fille de la Charité et qui connaissait les Lesort, j'ai appris le mariage de Thérèse, puis sa maladie et l'entrée de son mari à la Pierre qui Vire après son veuvage.


Lors de notre séjour à Versailles (1934-1936), je suis allée souvent rue du Hazard voir Thérèse. J'y rencontrais ses parents mais aussi Wilhelmine, Paul-André, Gonzague et le plus jeune des garçons [non c'était Gonzague], Xavier (je crois) alors élève au Grand Séminaire Xavier a effectivement fait quelques années de PETIT séminaire, très austères, avec vacances scolaires décalées par rapport aux autres établissements (pour être sûrs qu’ils ne rencontrent pas trop d’autres enfants de l’extérieur, notamment de trop charmantes amies de leurs sœurs, ce qui aurait pu décourager des vocations…)].
1936. Odile et Etienne Ragot
Nous découpions des figurines dans les catalogues et on les habillait avec les modèles proposés. Le dimanche Thérèse venait à la maison, si elle n'était pas punie à l'école! elle était élève au cours Gufflet [Erreur sur l’école de Thérèse. Elle me disait parfois : « J’ai passé dix ans au Collège d’Hulst, c’est pour ça que tu n’y es pas… » Elle avait même répété cette argumentation un jour aux demoiselles Gufflet devant moi, et je n’en croyais pas mes yeux de voir ces dignes vieilles filles essayer de cacher leur fou-rire. AK], ses frères allaient peut-être chez les Eudistes [à Saint Jean de Béthune]
.
Gonzague aimait faire des farces : il aimait bien imiter son oncle Louis Madelin. C'est ainsi qu'un jour ce dernier l'a surpris en train de l'imiter, je n'ai pas su la suite !
En quittant Versailles pour Amiens en 1936 nous n'avons pas perdu de vue les Lesort et comme un de mes frères faisait un camp de louveteaux dans la vallée de Chevreuse, mes parents ont convenu avec Mr et Mme Lesort que l'aumônier laisse son habit religieux chez eux pendant la durée du camp. L'occasion était trop belle pour Gonzague : revêtu de l'habit blanc des Dominicains, il s'est promené dans le quartier et a sonné chez les voisins! Je ne sais comment cela s'est terminé !



 Peau de grand fauve ou habit de dominicain : les déguisements d'un jeune farceur.

Et puis la guerre est arrivée et nous sommes partis en Charente alors que mon père "rongeait son frein" dans un camp de prisonniers en Allemagne pendant 5 ans. Mais je sais que Paul-André avait rencontré dans un train un ancien soldat qui avait fait la guerre de 14 avec mon père, il le croyait mort !
Thérèse me parlait aussi souvent de sa sœur qui habitait le Mexique où les chrétiens étaient persécutés. Je crois qu'elle avait épousé un Dhavernas (très engagé dans le scoutisme) [petite confusion entre Gertrude et Marie-Geneviève].

Thérèse n'a jamais fait de scoutisme [pas tout à fait exact] alors que moi-même j'y étais engagée. Nous n'avions pas du tout le même tempérament. J'admirais beaucoup sa spontanéité et sa gaieté. Elle était un peu "Bohême" [Ah bon?] alors que ce n'était pas du tout mon genre ! Elle est venue me voir à Amiens et m'a appris à tricoter des socquettes !
Ce sont vraiment de très vieux souvenirs que mes 93 ans n'ont pas oubliés.

Sœur Odile Ragot
Fille de la Charité de saint Vincent de Paul. 


Odile Ragot en 1945 (21 ans)
Thérèse Lesort en 1944 (20 ans)




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