André LESORT et Elisabeth LESORT née MADELIN vers 1930

André LESORT et Elisabeth LESORT née MADELIN vers 1930
Elisabeth née MADELIN et André LESORT en 1930 et 1934 ; leurs neuf enfants en 1929 devant La Pichardière ; avec leurs petits-enfants, noces d'or en 1956.

Bienvenue

Bienvenue sur notre blog familial Lesort-Madelin ouvert le 24 février 2010, jour anniversaire du mariage de nos grand-parents Lesort-Madelin en 1906.
Ce blog a été créé pour permettre la publication des archives familiales patiemment rassemblées et classées par notre grand-père André Lesort lui même puis par notre oncle Paul-André Lesort.
Nous publions régulièrement sur ce blog des extraits de ces archives qui nous paraissent intéressants, significatifs, cocasses ou émouvants.
Ce blog sert également de lien dans la durée entre les plus de 430 cousins et neveux que nous sommes, il permet donc de suivre l'actualité familiale dont vous voudrez bien nous faire part ou de partager votre connaissance de notre histoire familiale :
envoyez nous vos avis, faire-parts, photos, documents, histoires familiales à l'adresse lesortmadelin@gmail.com ; nous en publions régulièrement sur ce blog.
Ce blog étant d'accès publique nous sommes toujours heureux de recevoir également toutes les contributions documentaires extérieures concernant notre famille ainsi que d'apporter nous-mêmes notre propre contribution à d'autres sites ou publications. Même adresse mail: lesortmadelin@gmail.com

Les nombreux articles parus ou encore à paraître sur notre blog, 320 au total, sont publiés au fur et à mesure sous forme de livres intitulés Famille Lesort-Madelin La Saga dont le tome VII est paru en novembre 2021, le tomes VIII en 2022 et une réédition du tome I en 2023 augmenté de plus de 100 pages d'articles publiés sur notre blog.



vendredi 25 décembre 2020

Etudes, esquisses, dessins et peintures d'Elisabeth Lesort.

Nos archives familiales comportent quantité d’études, d’esquisses, de dessins et de peintures de notre grand-mère Elisabeth Lesort qui visiblement adorait cette occupation. Ces dessins sont le plus souvent destinés à illustrer des histoires pour enfants et devaient certainement aussi lui permettre de s’évader d’un quotidien pas toujours facile à vivre.


Ce besoin d’évasion, qu’on peut comprendre de la part d'une mère de neuf enfants, son fils Gonzague le restitue très bien dans ses souvenirs : l’imagination, l’humour, les histoires drôles, l’écriture, les visites - tous points où elle excellait - la changeait des aspects pratiques de la vie familiale qu’elle ne maîtrisait pas vraiment…
Ses dessins, aux traits délicats, restituent plaisamment une autre forme d’évasion vers un bel univers rêvé, plutôt tourné vers sa propre enfance.

Pour voir les dessins cliquez sur :

Famille Lesort-Madelin : 9 enfants, 9 mariages heureux : Marie-Madeleine Lesort et Jean Guyot



Notre cousin Régis Guyot nous raconte plaisamment la rencontre puis le mariage de ses parents Marie-Madeleine Lesort et Jean Guyot, mariage rendu plutôt compliqué par les bombardements et les combats au moment de la Libération de la France.

Pour lire ce récit cliquer sur : UN MARIAGE A LA LIBÉRATION

André Lesort par Jean de la Monneraye.

André Lesort (©Bibliothèque municipale de Versailles)
Notre grand-père André Lesort fut pendant dix ans président de la Société de l'histoire de Paris et de l'Île-de-France (SHPIF).
Jean de la Monneraye, chartiste lui-même et président de la SHIPF au moment du décès de son ami André Lesort, lui rendit un vibrant hommage.
Pour le lire cliquer sur :

André Lesort par Jean de la Monneraye.

vendredi 27 novembre 2020

Neuf enfants Lesort, neuf mariages heureux : Chantal Lesort et Léon Chamussy


A priori ces deux-là n'avaient aucune raison de se rencontrer ! Mais le destin pour certains ou la providence pour d'autres veillait en la personne d'une tante du futur marié comme nous le raconte notre cousine Catherine Chenu.
Pour lire ce récit cliquer sur :

La famille Madelin-Deschiens ou quand bonheur rime avec honneur et rigueur.






                       
Jules Madelin et Virginie Deschiens vers 1850

Notre cousine Claire Lesort a sélectionné dans nos documents d'archives, un texte écrit par Jules Madelin sur ses grand-parents Jules et Virginie Madelin puis recopié par sa sœur, notre grand-mère Elisabeth Lesort en 1942 à la Pichardière.
Claire a retranscrit et illustré l'histoire, allant de 1824 à 1867, d'un mariage exemplaire et heureux : celui de nos arrière-arrière-grand-parents Jules Madelin (1800-1881) et Virginie Deschiens (1804-1867).
Pour une meilleure compréhension du contexte politique, social et économique dans lequel se déroule ce récit, Claire a fait pour terminer un rappel très utile de cette période complexe et mouvementée qui a connu quatre régimes différents : Restauration, Monarchie de juillet, Seconde République, Second Empire.

Pour lire ce récit cliquer ici . 

   Charles X, Roi de France                            Louis-Philippe, Roi des Français                          (Restauration)                                                    (Monarchie de juillet)    
                 




Louis Napoléon Bonaparte, président         Napoleon III, Empereur des Français

de la Seconde République



                                           Virginie et Jules Madelin vers 1860




                     

Tombe de Jules et Virginie Madelin à Nancy.




Curé de paroisse dans la banlieue de Nancy, Monsieur l’abbé Pierre Demenois a eu récemment l’obligeance de nous écrire au sujet de la tombe de Jules et Virginie Madelin à Nancy, à lire sur :

Tombe Madelin à Nancy


vendredi 30 octobre 2020

L’étonnant cursus à rebondissements de l'oncle Louis Madelin.

Louis Madelin adolescent

A partir des mémoires de Louis Madelin (1871-1956) lui-même, notre cousine Blandine Ayoub retrace avec humour et brio le début de carrière très mouvementé du grand historien.
Dans ce récit figurent tous les ingrédients nécessaires à un bon scénario où le héros force le destin et triomphe de l'adversité : un jeune surdoué travailleur et talentueux, de nombreuses péripéties, des rancunes tenaces et de sombres menées, une trahison, des rebondissements, des coups de chance, et même un scandale ("Le Fouché") mais que de succès obtenus et ce jusqu'à la gloire académique !
Pour lire le scénario cliquer sur :

L’ étonnant cursus à rebondissements de Louis Madelin

L'oeuvre majeure de Louis Madelin : L’Histoire du Consulat et de l'Empire en 16 volumes publiés entre 1937 et 1954, énorme succès de librairie à l'époque et encore récemment réédités.

Petit album de dessins pour les hôtes de la Pichardière.


Dans les années 1920, en plus du cahier de la Pichardière, avait été mis en place un album à dessins pour que les hôtes reconnaissants de la dite Pichardière puisse exercer librement leur talent artistique ou humoristique.
D'où un petit album comportant quinze dessins ou peintures qui est resté dans la famille Jules Madelin et se trouve aujourd'hui chez Annie Berthier.
On y retrouvera un petit dessin de notre grand-mère Elisabeth Lesort représentant dans son style tout à fait caractéristique sa fille Marie-Madeleine Lesort, "Magaine", âgée de 2 ans avec son ours Tintin.
Pour accéder à l'album cliquer sur : 




Rappel : parution de la saga Lesort-Madelin tome 6


Nous faisons paraître le sixième tome de la saga Lesort-Madelin, dont voici la table des matières :
Table des matières
Généalogies Madelin-Bonnet et Lesort-Madelin  ………………….   p 4-7
En introduction, le blog familial Lesort-Madelin a 10 ans  ....……..   p 8
Famille Lesort-Madelin : souvenirs et impressions d'enfance et d'adolescence par Gonzague Lesort   …...……………..…………… p 14  
Petit album de dessins pour les hôtes de la Pichardière  ….…......  p 116
Heurs et malheurs d'un jeune marié, André Lesort à Rennes (1905-1912)  ………………………………………………..………….. p 120
L'histoire de notre famille reste vivante sur le blog Lesort-Madelin
Origines et armes de la famille Madelin………………p154                                                
De la Pompadour à notre ancêtre Louis-Ferdinand Bonnet .. p 160
Eugène Scribe, sympathique et talentueux cousin  …...……  p 174
Chronique familiale : les Madelin de 1906 à 1936 par Noémi Madelin  …………………………………………………...……... p 183
L’étonnant cursus à péripéties de Louis Madelin ……...........  p 219
Wilhelmine Lesort Sibertin-Blanc (1910-1989)  .....................  p 230
Années 40. Séjours à la Pichardière par Philippe Madelin …. p 264  
La malle aux souvenirs.          
L'avocat et le financier ………………………………..………... p 280
Noces d'argent et d'or pour André et Elisabeth Lesort  ....…. p 289
1906. Voyage de noces en terre pas vraiment inconnue  ..... p 300
 Souvenirs d'enfants sur la Pichardière, dessins et odeurs ... p 302
 Le Distrait  ……...…………………………….……………...…. p 304
 Premier voyage aux Amériques pour la jeune mariée …….  p 308
 Chers vieux tramways versaillais  ..…………………..……...  p 319
 1940. Les Nolhac, de charmants amis secourables  ………. p 325
 1949. Mode enfants et baby boom …………………………..  p 326
 Les trois sœurs ont vraiment de la conversation  ………….. p 328

Cet ouvrage, de mêmes caractéristiques que le tome 5, possède 329 pages avec près de 300 photos ou illustrations. Notre précédent imprimeur ayant cessé son activité nous avons dû en trouver un nouveau (en Bretagne) et négocier des conditions de prix identiques au précédent malgré un plus beau papier...

Chaque ouvrage coûte 21 € plus, si nécessaire, les frais d'envoi sous enveloppe à bulle, qui sont de 8,40 € par ouvrage pour la France.
Les ouvrages seront envoyés à l'adresse figurant sur les chèques sauf avis contraire ou récupérés par l'intermédiaire de François Lesort.
( Passer par lesortmadelin@gmail.com)

Si vous souhaitez commander un ou plusieurs exemplaires, merci d'envoyer un chèque à :
François Lesort
18, rue Mademoiselle
78000 Versailles

Nous vous demandons d'envoyer vos chèques avant le 31 octobre 2020.
Les ouvrages commandés seront disponibles ou expédiés courant novembre prochain.
Pour vous donner un petit avant goût de ce tome 5, vous avez ci-dessous un lien pour accéder à une petite bande annonce montrant quelques pages de ce livre :

vendredi 25 septembre 2020

1932. Premier voyage aux Amériques pour la jeune mariée.

Février 1932. Gertrude Lesort vient d'épouser, à Versailles, Maurice Bidault qui doit rejoindre l'usine textile qu'il dirige à Rio Blanco dans l'état de Vera Cruz au Mexique. 
Mars 1932. Les jeunes mariés, d'Anvers jusqu'au Mexique, racontent les péripéties de leur voyage dans trois courriers adressés à nos grand-parents André et Elisabeth Lesort (extraits) :

                                                                                     Anvers, 19 février 1932

                                                                                                                        Norddeustcher Lloyd Bremen
                  An Bord des D.  ... Rio Bravo



Mon cher papa,

mon petit mot d'hier était simplement destiné à vous donner des nouvelles du voyage jusqu'à Anvers. Maintenant que nous avons un peu plus de temps, je puis vous écrire plus longuement et plus en détails. Nous sommes arrivés après un long voyage mais dans des conditions agréables à Anvers. Nous avons déposé nos valises en consigne, puis nous avons pris un taxi pour aller jusqu'au bureau maritime où Maurice devait retirer définitivement les billets. Ensuite nous sommes allés chercher les malles à la gare. Nous avons subi la visite de la douane belge mais assez rapidement car Maurice a convaicu le douanier que nous étions en transit en Belgique. Puis nous avons filé sur le bateau poser les valises. 
Nous avons une mignonne petite cabine toute blanche, bien éclairée et par le hublot on voit les mouettes qui naviguent sur l'Escaut. Après avoir fait un petit tour à Anvers nous sommes rentrés ranger les bagages et dîner.
Il n'y a pas un français avec nous en 1ère. On n'entend parler qu'allemand et personne ne comprend le français. Nous nous en tirons grâce à l'espagnol et à Maurice car vous pensez bien que ce n'est pas moi qui peux m'en tirer. Le dîner est en musique mais pas le déjeuner. Comme les allemands sont très musiciens ils jouent merveilleusement bien mais c'est désagréable de les entendre parler cette langue tout le temps. Les plats se ressentent aussi de la nationalité : salade assaisonnée à la confiture ou autre. 
Rassurez vous ou effrayez vous, comme vous voulez, mais je crains bien de revenir dans 3 ans terriblement enfant gâtée ! Je sens que cela commence.
Le matin nous avons été acheter des livres français car dans le bateau il n'y en a que des anglais et des allemands. Nous avons aussi été visiter la cathédrale d'Anvers qui est une merveille et qui ne sent l'étranger que par ses cierges bleu de ciel.
Maintenant, mon cher papa, il faut que je cède la place à Maurice pour qu'il écrive à sa mère. Je vous embrasse donc très, très affectueusement ainsi que Chantal et tous les frères et sœurs. Notre bateau part à 4 heures, après cela je ne pourrai rien envoyer avant la Havane, ne vous effrayez donc pas d'un long silence.
Votre fille qui vous aime tous beaucoup.
Gertrude 
                                                                          Rio Blanco, Ver. 13 mars 1932

Ma chère Maman,
Nous voilà au port [Veracruz] et même plus loin puisque nous sommes à Rio Blanco.
La matin de l'arrivée à la Havane, avant 6 heures du matin, nous avons été réveillés par un 

coup de clairon dans le couloir. Un quart d'heure après, le garçon de cabine vient frapper et expliquer à Maurice que nous devons monter sur le pont. Maurice se précipite, croyant que c'était pour les papiers. Il monte sur le pont : personne que le médecin du bateau. Il redescend donc et me trouve en train de regarder par le hublot le paysage de la Havane : une grande avenue de palmiers avec des gros lustres électriques encore allumés, longeant la mer d'un bleu de cartes postales de mauvais goût. 
On frappe : second garçon disant de monter vite, vite. Je hâte, je presse, pendant que Maurice partait avec les papiers, il me rappelle : on voulait tous les passagers sur le pont ! 
même le bébé y était déjà !
Le bateau était arrêté en dehors du port ...[pour] les formalités que doit remplir le commandant du bateau avec un officier du pays, il paraît que c'est le service de santé. Puis un guide du port doit monter à bord pour diriger la manœuvre et faire ranger le bateau à sa place. Je n'avais jamais vu de port important, on dirait un écrin à couteaux : chaque bateau se range dans une case bordée d'un quai sur lequel est un entrepôt. Un douanier est monté à bord, plus exactement sur l'entrée de la passerelle et des types de la police se sont installés au fumoir pour timbrer les papiers. Quand on voulait sortir du bateau, il fallait montrer ces papiers signés au douanier. A notre tour nous sommes descendus visiter la Havane par le plus magnifique des soleils. Il faisait très chaud. A la sortie du port nous avons pris une [voiture] tapissée de rotin et nous avons commencé le tour de la ville : c'est immense et tout le temps on longe la mer. Nous avons suivi la grande promenade de la Havane : de chaque côté de la rue et au milieu, élevée de 4 marches de marbre, une sorte de chaussée pavée de marbre avec de gros cannas rouges et jaunes, de roses rouges, de fleurs inconnues aux couleurs vives et éclatantes et, comme des platanes dans la rue Mirabeau, des palmiers tous les 5 ou 6 mètres, en bordure des maisons à galerie. Mais le plus drôle c'étaient les enfants.
Nous avons traversé un jardin public rempli de bananiers, de cocotiers, de palmiers de toutes sortes. C'était un peu un songe.

S'il y a 3 mois, le 6 décembre pendant que je dansais chez Madame Baron, quelqu'un m'avait dit : "dans 3 mois, à cette heure-ci, vous vous baladerez à la Havane avec votre époux", j'aurais traité ce brave personnage de timbré !
A midi et demi nous sommes revenus déjeuner à bord, il n'y avait presque personne. Après le déjeuner, nous sommes restés sur le bateau à regarder descendre les bagages et les colis. C'était fantastique ce que l'on a sorti de boîtes de conserve et surtout de lait concentré! On a sorti aussi des lampes électriques d'une marque boche et des mosaïques.
Enfin à 5 heures le bateau a levé l'ancre. Il y avait un collège venant reconduire un abbé professeur qui les quittait. Les abbés et les élèves et les voyageurs faisaient de grands signes, des manifestations et des cris. Le tout était souligné par la musique de bord : trombone, tambours, cymbales, etc ... que nous avons le chagrin et le mal de tête d'entendre tous les jours et aux départs et arrivées.
En sortant du port, on longe la ville pendant très longtemps et à une pointe, il y a le fort Saint Jean qui avance dans la mer : là étaient placés les très grands du collège qui ont encore crié des adieux au père.
Le lendemain Maurice était encore malade ! Affaire d'habitude !!!
Et pendant ce temps je cousais dans la cabine. Patatras ! la mer entière s'est précipitée par le hublot ! nos lits ont été inondés, le costume bleu de Maurice, ma robe écossaise, ma tête, les beaux tapis de la  Norddeustcher Lloyd Bremen. Tout. J'ai du passer à l'eau douce tous les vêtements trempés.
Le surlendemain s'est bien comporté et on devait arriver à Veracruz le vendredi matin à 6 heures (déjà en retard).
Et puis la nuit le vent du nord s'est mis à souffler comme un fou. Le bateau dansait, sautait, roulait, tanguait !!! Nous nous levons très sagement à 6 heures, nous montons sur le pont, pas un chat. La trompette n'avait pas sonné, on ne voyait pas de terre du tout.
Enfin le garçon  le plus ancien du bateau passe : Hélas! Trois fois hélas! on n'arriverait pas avant 10 heures 1/2 à cause du vent.
Maurice en avait tellement assez du bateau que le découragement de ce retard a été trop fort : il a été repris du mal de mer. Cela aura duré 17 jours sur 21!
Enfin à 10 heures 1/2 on entré dans le port de Veracruz. Maurice a vu un des personnages important de la fabrique, je crois que c'est l'ingénieur électricien.
Un type à chapeau pointu portait une grande gerbe de roses rouges, mais comme tout le monde ici : assez raide et magnifique. Il avait l'air d'attendre l'arrivée d'un souverain étranger.
Nous sommes allés faire timbrer les papiers dans tous les salons du bateau. pendant que nous faisions timbrer nos passeports, un garçon du bateau est venu me toucher le bras. Je me suis retournée et j'ai vu le type au bouquet. C'était moi le souverain étranger ! Le commissionnaire de l'usine à Veracruz me souhaitait la bienvenue ainsi que sa famille. J'ai été profondément touchée et presqu'aussi encombrée de ce bouquet qui pesait au moins 20 kgs ! Nous avons passé la douane très facilement car Maurice a graissé la patte au douanier.
Nous avons été prendre le train, moi, toujours avec ma gerbe qui ne devait plus peser que 18 kgs car les fleurs se détachaient toutes les unes après les autres.
Dans le train nous avons retrouvé le commissionnaire qui gardait les places et les valises.
Le chemin pour sortir de Veracruz est abominablement laid, mais dès qu'on aperçoit la montagne, c'est splendide : le train serpente autour de vallées et de montagnes. Au sortir des tunnels on domine un torrent qui bondit au fond d'une profonde vallée. Puis tout à coup la voie est bordée de boutiques : c'est une gare! 
Enfin Orizaba. J'étais intimidée : au moins 10 dames et des masses de messieurs que j'ai eu du mal à reconnaître les uns des autres.
On sort de la gare. Il pleuvait, il faisait froid! Maurice était déçu car il m'avait tant vanté le soleil tropical et les montagnes et on ne voyait ni l'un ni l'autre tant il y avait de brouillard.
En arrivant en 5 minutes dans 6 ou 7 autos à Rio Blanco nous sommes entrés dans une immense pièce qui est le salon où on nous a servi de délicieux gâteaux, de la bière et du thé : ce n'était pas du luxe car nous avions avalé de la poussière en masse.  
Enfin nous sommes montés vers 7 heures dans la chambre. C'est très joli, très grand, très haut de plafond. A 8 heures, dîner. Il ne restait que les gens qui logent dans cette maison : l'ingénieur venu de Veracruz, je crois qu'il étudie la façon dont ça se passe : un ménage venu de Mexico pour remplacer Maurice pendant son absence ! Ceux là ils valent mille ! 
Madame grogne contre Rio Blanco, Mexico, son mari, les jeunes femmes mexicaine, l'humidité. Très commune.
Monsieur se dispute à table avec sa femme, a fait la guerre sous les ordres de l'oncle René. Le monde est petit, petit et notre famille grande, grande !
Très pressés de retourner à Mexico, car madame crève de peur que sa bonne ne parte après avoir vendu les meubles !!! La bonne, elle s'en moque mais les meubles ...
Nous avons été voir ce qui reste des meubles à vendre dans la maison Chané, c'est à presque rien et nous avons dressé la liste de ce qu'il faut acheter car nous devons aller à Mexico.
Nous vous embrassons très très fort ainsi que toute la famille, envoyez vite vos photos. Avez vous encore celle des quatre messieurs Lesort, des petits déguisés, etc ...
Maurice envoie ces trois timbres pour Paul-André, n'oubliez pas de lui donner, s'il vous plait. 

Orizaba

Maurice Bidault

Rio Blanco, Ver.                                                            Vendredi 25 mars 1932.

Chers Père et Mère,
   Vous devez commencer à trouver mes nouvelles bien rares mais j'attendais d'avoir un moment libre pour vous écrire un long journal à tête reposée.
Que de choses se sont déjà passées depuis notre séparation et comme cela nous semble déjà loin !
Après notre départ de la gare du Nord nous avons fait un voyage magnifique jusqu'à Anvers où nous sommes arrivés vers les trois heures. Nous avons passé la douane sans aucun ennui et nous avons pu nous embarquer le soir même sur le Rio Bravo.
Comme le bateau ne partait que le lendemain dans l'après-midi nous en avons profité pour visiter la ville mais il faisait un froid de canard et il tombait une petite neige qui nous glaçait.
A quatre heures les remorqueurs nous décollaient du quai. Notre grand voyage était commencé. Les premiers instants furent assez agréables car nous ne sentions absolument rien. C'est tout juste si on se serait cru en marche. Malheureusement il y avait tellement de brouillard que nous n'avons rien vu des rives de l'Escaut. Notre première prise de contact avec les passagers fut assez pénible. Comme il n'y avait que des boches nous nous sentions en pays étranger. D'ailleurs même avec de la bonne volonté nous n'aurions pu fraterniser car ils avaient tous des habitudes assez bizarres. A table selon la coutume, c'est toujours un officier de pont qui préside mais comme nous étions français on nous a mis à une petite table à part.
Nous étions d'ailleurs beaucoup mieux car nous pouvions voir tout le monde sans être observés et nous en avons profité pour nous payer des bosses de rire [argot de l'époque : rire énormément. NDLR] dont Gertrude se souviendra longtemps je pense. 
Autre inconvénient du bord, si vous ne connaissez pas les secrets de la cuisine allemande, je vous conseille un court voyage sur le Rio Bravo. Vous ferez la connaissance de la salade au fromage de roquefort, du gigot à la confiture, du pumpernickel, alliage bizarre que Gertrude n'a jamais pu définir ! [pain de seigle très compact et très foncé NDLR].
Inutile de vous dire qu'à ce régime, le lendemain nous nous sentions l'estomac bien embarrassé. Enfin tout allait bien malgré tout. Vers midi nous sommes arrivés à Southampton où nous avons croisé le formidable paquebot "Europa" de la même compagnie que le Rio Bravo. Quelques passagers sont montés à bord et tout de suite nous avons mis le cap sur la Havane.
La mer n'était pas bonne mais malgré tout nous nous sentions bien et nous avions bon espoir. Malheureusement le dimanche matin, les choses ont commencé à se gâter. Après un bruyant réveil en musique qui nous fit sursauter dans nos lits, nous nous levâmes la bouche pâteuse. Après une courte promenade sur le pont, je vois soudain Gertrude plonger littéralement dans l'escalier qui conduisait à notre cabine. Hélas ! il était trop tard. Marie-Geneviève aurait été aux anges !
Pendant la nuit les choses se gâtèrent complètement. Nous avons été pris dans une tempête épouvantable qui a duré encore plusieurs jours après notre arrivée. Ce fut mon tour d'avoir le mal de mer mais alors a un degré qui m'était inconnu. Pendant 13 jours je n'ai rien pu avaler, j'ai maigri de 7 kilos. Heureusement qu'après sa première expérience Gertrude était relativement bien mais en tout cas elle n'a jamais perdu l'appétit.
Heureusement que nous avions à bord quelques distractions. Tout d'abord un garçon de cabine d'où rayonnait l'intelligence  et que Gertrude ne pouvait pas voir sans pouffer de rire. Nous l'avions surnommé "plombagine".[ mine de crayon. NDLR].
La femme de chambre, gracieuse soubrette allemande d'au moins 120 kilos bien comptés, nous faisait des prodiges d'équilibre à chaque repas avec le plus gracieux sourire.
Mais le clou, ce fut la veille de l'arrivée à la Havane. Le commissaire du bord avait prié toutes ces dames et ces messieurs de se déguiser car il voulait faire un bal travesti. Alors nous avons vu des numéros remarquables. Les fritzs en délire. Il y en avait un surtout qui au premier abord avait une ressemblance frappante avec ces pauvres déshérités de la nature que l'on est obligé  d'enfermer et devinez en quoi il se déguise? En homme semi-primitif. Le costume était du temps de nos ancêtres des cavernes seulement il avait des lunettes d'auto avec des ampoules électriques à l'intérieur. Inutile d'ajouter que tous les boches l'ont trouvé admirable et que des hoch! hoch! et autres gloussements et glapissements épouvantables ont salué son entrée. c'était très beau parait-il. Gertrude éprouvait une sympathie toute particulière pour un autre numéro d'un volume surprenant qui à lui tout seul engloutissait autant que quatre. Elle l'avait surnommé d'ailleurs "deux cochons" ce qui vous prouve que son volume l'avait fortement impressionnée.

31 mars. Le 8 nous sommes arrivés à la Havane par un temps superbe. Nous pensions nous reposer au moins deux jours quand on a appris que nous repartions dans l'après-midi.
Nous n'avons eu que le temps de sauter dans une voiture et de visiter la ville et les environs. Gertude trouvait tout merveilleux. Elle était en extase devant tout et son ravissement se traduisait par un mutisme complet. (Elle s'est rattrapée depuis !..)
A 4 heures de l'après-midi nous sommes repartis et dans la nuit la tempête a recommencé jusqu'à Veracruz où nous sommes arrivés le 11 par un temps épouvantable.
Nous avons passé la douane très confortablement et le soir à 6 heures nous étions installés au conseil.
Tout le monde était venu nous chercher à la gare et Gertrude s'est trouvée tout de suite dans un milieu français si bien qu'elle n'a pas du tout été dépaysée.
Nous commençons à nous installer petit à petit. Nous avons une maison très spacieuse avec cinq grandes pièces principales. le salon et la salle à manger donnent sur la cour intérieure et les 3 autres sur le jardin.
Nous avons actuellement tout notre matériel de cuisine. Comme nous sommes très gourmands nous avons un outillage pour pâtisserie très perfectionné !
Tout notre mobilier est de style moderne et très confortable. Quand nous aurons fini de nous installer complètement, je vous enverrai des photographies de notre petit nid.
La semaine dernière nous sommes montés à Mexico pour faire nos achats. j'ai présenté Gertrude à ces messieurs du Conseil qui ont été enchantés de faire sa connaissance; Plusieurs nous ont même invités à déjeuner.
Gertrude est enchantée de sa nouvelle vie. Le pays lui plaît beaucoup. Elle est en excellente santé mais elle a pour le moment beaucoup de travail car il faut que nous nous installions dans notre maison le plus tôt possible. 
Je vous quitte, mes chers Parents, en vous embrassant tous bien affectueusement. 
Votre fils. Maurice Bidault.

C'est Maurice qui a baptisé le gros boche 2 cochons, c'est honteux de me mettre cette mauvaise éducation sur le dos ! Nous avons reçu ce matin les lettres contenant la photo "du bossu". Je voudrais bien en avoir d'autres plus esthétiques et les vôtres? 
Notre bonne arrive demain. Elle n'aura pas un seul tablier de cuisine, j'espère qu'elle sera capable de les coudre : ça l'occupera utilement et m'en débarrassera. Nous avons un imposant étalage de moules et casseroles, poissonnières et vaisselle etc ...
Je vous embrasse très affectueusement tous, surtout Thérèse le 13.
Gertrude
L'usine de textile de Rio Blanco dirigée par Maurice Bidault 

Souvenirs d'enfants sur la Pichardière : des dessins et des odeurs.

Les enfants de la famille Lesort avaient tous adoré la Pichardière du temps de leur grand-mère Madelin et en ont gardé un souvenir merveilleux toute leur vie. 
Le petit Xavier Lesort, adorateur des lieux et des vacances de rêve qu'il y vivait, avait confectionné un petit album de dessins du lieu pour sa mère Elisabeth Lesort, sans doute pour sa fête, et on peut imaginer que rien ne pouvait lui faire plus plaisir.
Elle avait précieusement gardé dans ses papiers ce petit album sur la Pichardière, si chère à son cœur, et cadeau d'un de ses chers enfants.

Montage de quelques dessins extraits du petit album 
Le petit Gonzague Lesort, qui adulte a si bien décrit ses beaux souvenirs d'enfance sur cette chère Pichardière de sa grand-mère en avait également gardé une vive mémoire olfactive à laquelle il associe ainsi de belles images dans ses mémoires :
Dans mes souvenirs, il n'y a guère d'instants ou d'espaces d'où seraient absentes les odeurs.
Ainsi celles de La Pichardière ne pouvaient être reçues que dans une beauceronne lumière d'été : celle du bois brûlant dispersée à l'entour par les cheminées, le fumet du gigot ou des rognons dans le couloir de la cuisine, les effluves propres à chaque essence d'arbres, celle des marrons à terre ou de l'herbe coupée. 

Et dans le silence colorié du potager, l'odeur âcre de l'eau croupie des bassins mêlée à l'arôme montant des grosses touffes de fleurs attendant d'être coupées. L'envahissement des narines par le blé battu et les pommes tombées à terre, les remugles échappés de "La malle à poils", de l'office ou du pigeonnier. L'humidité parfumée de l'écorce dans le bûcher.La fumée hésitante de la mèche d'une bougie éteinte, et celle des lampes à pétrole.
Pour tous ceux qui y ont habité, la Pichardière gardera son âme, elle est unique par ses cinq sens : odeur de Beauce, saveur de l'eau du puits et des fruits du clos, aspect avec son acrotère, bruit de la cloche du fond du jardin signalant «l’étranger» ou celle de la cuisine stoppant les jeux, toucher du sable de la Loire sous les fauteuils du jardin… (J-P Berthier)

Jean-Christian Dhavernas est le nouveau directeur de Blanche-de-Castille au Chesnay.

Paru sur actu.fr, un article concernant le fils de nos cousins Jean-Michel et Béatrice Dhavernas :

Yvelines. Un nouveau directeur pour les élèves de Blanche-de-Castille au Chesnay-Rocquencourt
Les élèves du groupe scolaire privé Blanche-de-Castille, au Chesnay-Rocquencourt (Yvelines), font leur rentrée. Ils vont découvrir leur nouveau directeur, Jean-Christian Dhavernas.
Publié le 1 Sep 20 
Jean-Christian Dhavernas est le nouveau directeur de l’école Blanche-de-Castille, au Chesnay-Rocquencourt (Yvelines). (©F. Desserre / 78actu)
Elle était un pilier de l’établissement. Marie-Annick Compagnion, la directrice du groupe scolaire Blanche-de-Castille, au Chesnay-Rocquencourt (Yvelines), a pris sa retraite à la fin de l’année scolaire. À différents postes, elle aura passé 43 années dans l’établissement ; sans compter celles de sa scolarité commencée en classe de 4e.
Cette longue carrière n’a pas bénéficié de la reconnaissance qu’elle aurait méritée. Le confinement est passé par là, empêchant Marie-Annick Compagnion de saluer une dernière fois ses élèves. Beaucoup de professeurs ont toutefois pu lui exprimer l’estime qu’ils avaient pour elle.

Ce mercredi 2 septembre, son successeur, Jean-Christian Dhavernas, sera à la porte pour tous les accueillir. Et commencer à marquer de son empreinte, «dans la continuité», dans l’établissement dont la réputation n’est plus à faire.
Il s’agit presque d’un retour aux sources pour ce quinquagénaire que ses précédentes fonctions ont fait beaucoup voyager. Il a passé une partie de son enfance au Chesnay et a fait une partie de sa scolarité à Saint-Jean de Béthune (aujourd’hui Saint-Jean-Hulst, ndlr).
Diplômé de Sciences Po Paris, il s’est engagé pendant deux années pour une coopération en République Centrafricaine.
«C’était dans le cadre du service militaire. J’y enseignais le français, l’histoire, la géographie et la musique.»

Au siège de l’AED
Pour son retour, il choisit l’Allemagne et le siège de l’Aide à l’Eglise en détresse (AED), à Francfort.
«J’y étais chef de projet pour la section Asie / Pacifique. C’est une étape qui a beaucoup compté dans mon parcours, notamment pour développer mon esprit d’ouverture.»
Suivront une année à Paris, quatre autres à Lyon, une reprise des études pour un master de sciences de l’éducation. Et deux années pour réussir la fusion d’établissements, à Carpentras, dans le Vaucluse.

«Nous visons l’excellence pour tous»
En prenant les titres de directeur du lycée et chef d’établissement coordinateur de l’ensemble scolaire, Jean-Christian Dhavernas ne compte pas révolutionner la bonne marche de B2C.
«Je vais d’abord bien m’imprégner de l’état d’esprit de cette institution presque centenaire. Notre mission est d’accompagner tous les jeunes pour qu’ils puissent donner le meilleur d’eux-mêmes. Nous visons l’excellence pour tous, à partir de là où ils en sont. Blanche a une belle diversité de filières qui en fait toute sa richesse. J’ai beaucoup d’estime pour cela. »
La réussite compte, mais pas seulement.
«Nous nous devons d’accompagner les jeunes qui connaissent des troubles dans l’apprentissage. C’est un sujet qu’il faut développer. Nous avons à mener une véritable réflexion sur l’après collège. »
Jean-Christian Dhavernas pense également à ce qu’il appelle «la vie intérieure» des écoliers, collégiens, lycéens, étudiants.
«Ici, nous travaillons pour l’éducation scolaire. Mais aussi la rencontre avec Dieu, Blanche-de-Castille étant un établissement catholique. Les élèves ne sont pas que des neurones sur pattes. Nous aspirons à ce qu’ils rencontrent Dieu également. »

vendredi 26 juin 2020

De la Pompadour à notre ancêtre Louis-Ferdinand Bonnet.


La marquise de Pompadour

Quelle relation peut-on établir entre la marquise de Pompadour, célèbre favorite puis amie et conseillère de Louis XV et le parfait honnête homme qu'était notre ancêtre, le grand avocat Louis-Ferdinand Bonnet ?
Nous vous livrons tous les détails sur cet intéressant rapprochement en cliquant sur :

De la Pompadour à notre ancêtre Louis-Ferdinand Bonnet.

Nous remercions notre cousine Anne-Emmanuelle Kervella pour cette enquête ; ses différentes recherches lui ont en effet permis de rassembler tous les documents et toutes les informations nécessaires pour la réaliser.



Louis-Ferdinand Bonnet en 1790

Chers vieux tramways versaillais.


Ceux qui ont connu, enfants, les tramways versaillais en gardent un souvenir chargé de nostalgie, ils relient nos différentes générations familiales qui ont utilisés ces voitures un peu ferraillantes pour traverser Versailles.

Pour Chantal Lesort, enfant, l'utilisation des tramways fut limitée, elle le raconte dans "Mes plus anciens souvenirs" : 

Depuis le mois de Janvier 1918, jusqu'en Juillet nous avons continué à aller à la Pension Dudouit rue Sainte Sophie. Trajets allers faits plus que jamais en courant, papa nous conduisait, les archives se trouvaient à ce moment-là au rez-de-chaussée de la Préfecture de la rue Saint-Pierre (rue Clémenceau depuis 1919).

Jamais nous n'avons pris le tramway toujours nous avons fait les quatre trajets à pied, sauf un jour où il faisait très, très chaud et où maman puisant dans son portemonnaie, sou à sou, je la vois encore, nous a dit "j'ai pitié de vous , j'ai peur que vous preniez mal , en courant par cette chaleur, tout de suite après le déjeuner ! " ce qui nous a semblé merveilleux, d'abord parce que nous n'étions pas habituées à des attentions (visibles) de maman, ensuite parce que les trajets à pied nous ennuyaient, enfin parce que "nous allions en tramway".
Nous avons été bien contentes lorsque nos parents nous ont inscrites en fin juin ou début juillet à la Pension Charlot 42 rue des Bourdonnais, à quatre minutes de notre maison, en vue de la rentrée scolaire d'Octobre 1918.

Gonzague Lesort, utilisateur plus régulier pour aller à Saint Jean de Béthune en garde de beaux souvenirs de jeunesse :


Comme dans le monde entier (à l’exception peut-être des grandes villes des E.U), très peu de personnes étaient propriétaires de véhicules automobiles. Et d’ailleurs ne s’en servaient que pour de grands voyages ou bien lors de vacances. Il y avait bien des bicyclettes, mais c’est surtout à pieds que l’on se déplaçait, ou bien dans les transports publics.

Le siège de la Compagnie des Transports publics de Versailles étant situé à Glatigny, en face du collège St Jean de Béthune (où les trois fils Lesort firent leurs études), en plein quartier chic.

Les premiers tramways que je connus étaient très primitifs : Un wagon, une perche partant du toit pour prendre le courant de ligne aérienne. A chaque terminus il fallait abaisser la perche pour lui faire prendre la nouvelle direction. Un wagon de tôle avec deux plateformes, une à l’avant l’autre à l’arrière. Elles n’étaient pas closes. Le conducteur était exposé à toutes les intempéries pour conduire le véhicule. Une main sur le rhéostat qui définissait la vitesse du moteur l’autre sur une lourde roue de frein en acier noir. Le conducteur, toujours debout, nous amusait avec son avertisseur sonore qu'il actionnait de temps à autre avec le pied.
Entre ces deux plateformes se trouvait le corps du véhicule : une banquette en bois située le long de chaque paroi. Les banquettes étant généralement occupées, les autres voyageurs devaient rester debout entre elles. Pour assurer leur tenue, des rubans de cuir pendaient du plafond et servaient de poignées d’équilibre.
La pauvre receveuse portait en hiver des gants sans doigts pour pouvoir saisir facilement les tickets. Je revois encore son rouleau de tickets accroché à son uniforme et son appareil à composter dont elle tournait la manivelle d’un geste rapide. C’est elle qui descendait au terminus pour changer le sens de la perche. En hiver, le givre sur le fil provoquait parfois des étincelles jusqu’à immobiliser le tramway. L’un de nos jeux consistait à déposer sur un rail une pièce de monnaie en alu que nous récupérions toute aplatie. 
Le souvenir le plus précis est toutefois celui d'employées que je voyais sauter du marchepied des trams - une tige métallique à la main - pour aller manœuvrer les aiguillages, et aussi, je crois, manipuler un câble à l'arrière du tram pour guider le patin du trolley au passage de ce mêmes aiguillages. Dur métier !
Quelques années plus tard, un véhicule un peu plus moderne fut mis à notre disposition, fermé avec des cloisons métalliques tout le long. Puis vinrent des voitures de plus en plus modernes.
Ces tramways faisaient beaucoup de bruit : Le moteur électrique, les roues sur les rails, la sonnette à chaque station et à chaque risque.
L’équipage comprenait le conducteur et un receveur ou receveuse, auquel il fallait payer 50 centimes, dans mon souvenir, pour obtenir un ticket.
Le réseau comportait diverses directions et était désigné par une couleur, simple indication. Celui qui passait près de la rue du Hasard s’appelait le «Tramway Bleu» et desservait Grandchamps - Glatigny. Une autre ligne qui allait de l’avenue de St Cloud au quartier de Montreuil, était desservie par le «Tramway Jaune». Autre couleur, le «Tramway Vert» pour aller de l’Eglise St Antoine à la Gare des Chantiers. Le «Tramway Orange» allait jusqu’à l’Orangerie du Château. A la belle saison la ligne qui conduisait au Parc à Trianon s’appelait le «Tramway Rose».
Les vieux tramways bleus franchissant en grinçant la Grille de la Reine pour glisser doucement sur les allées herbues à l'ombre des frondaisons des longues allées menant à Trianon, continuent à rouler dans ma mémoire d'enfant.
Le cœur du réseau, un petit pavillon, était installé avenue de St Cloud, où étaient les principales correspondances, et d’où partaient les personnels… Et surtout les «gradés», les contrôleurs qui montaient par surprise dans l’un ou l’autre tramway pour vérifier si les voyageurs s’étaient bien acquittés du paiement de ce merveilleux voyage.

Pour François Lesort, les tramways versaillais sont indissociables de ses souvenirs d'enfance à Versailles :
De la maison, rue de l'Hermitage, nous n'étions pas loin de la place de la Loi avec son terminus de la ligne et j'adorais aller voir le contrôleur changer le sens de la perche .
Il saisissait une sorte de cordage pour dégager la perche de la caténaire et la positionner pour repartir en sens inverse ce qui provoquait, à chaque fois un feu d'artifice crépitant d'étincelles que je trouvais spectaculaire et dont j'espérais toujours secrètement tout en le redoutant qu'elles allumeraient quelque petit feu...
De plus, les avertissements des parents sur les dangers, d'ailleurs réels, des tramways avec de possibles membres sectionnés (!!), la masse imposante et le bruit inquiétant du tramway en mouvement, l'avertisseur sonore, la perche qui crépitait, tout cela faisait de ces tramways des monstres un peu maléfiques, qu'enfant on craint mais qui attirent en même temps. 
Nous prenions très peu le tramway car tout était relativement proche de la maison : écoles, famille, magasins etc...
Nous avons quitté Versailles en 1954 pour Boulogne sur mer et quand nous sommes revenus en 1958, les tramways avaient disparus, remplacés par des bus depuis 1957, la fin d'une époque...


Le premier souvenir qui m'a été rapporté par maman (tante Cici) c'est celui où circulant à vélo avec moi sur le porte bagage, elle avait malencontreusement engagé sa roue avant dans un rail et chuté lourdement sur la chaussée .
Très mauvais souvenir pour elle, où à demi assommée elle m'entendait, moi qui n'avait rien, lui dire : " Maman, maman relève-toi" et elle, allongée au milieu de la rue, n'y arrivant pas et mettant un long moment à reprendre ses esprits. Suffisamment mauvais souvenir pour revenir périodiquement dans ses rêves...
Tante Chantal nous parlait toujours d'un monsieur qui en passant en tramway devant l'église Notre Dame se levait pour faire le plus spectaculaire des signes de croix qu'elle trouvait par trop démonstratif et nous enseignait le signe de croix avec le pouce dans le creux de la main.
Papa lui nous racontait que quand elle était jeune, tante Gertrude n'aimait pas du tout son prénom et ses sœurs avaient donc sur elle un moyen de pression, semble t'il très efficace, en la menaçant de l’appeler très fort par son prénom dans le tramway si elle dérogeait à quelque règle à la maison.

L'article est ouvert à toute autre contribution familiale, elle sera la bienvenue.










vendredi 29 mai 2020

Souvenirs et impressions d’enfance et d’adolescence par Gonzague Lesort. 3 ème partie.


   
La troisième et dernière partie du récit de Gonzague Lesort comprend les chapitres suivants :
- Quater, Hazard et Royauté
- Scoutisme
- Vacances
- Chacun des neuf
- Les beaux étés d'avant-guerre

Pour lire cliquer sur : 
Souvenirs et impressions d’enfance et d’adolescence par Gonzague Lesort. 3 ème partie.